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12/03/2017

Les dimanches poétiques (195)

"La conversation nous ramenait à notre marotte: les chemins noirs. Goisque savait qu'ils se déployaient parfois hors des cartes de géographie et foraient leurs galeries en nous. Il était difficile de faire de soi-même un monastère mais une fois soulevée la trappe de la crypte intérieure, le séjour était fort vivable. Je me passionnais pour toutes les expériences humaines du repli. Les hommes qui se jetaient dans le monde avec l'intention de le changer me subjuguaient, certes, mais quelque chose me retenait: ils finissaient toujours par manifester une satisfaction d'eux-mêmes. Ils faisaient des discours, ils bâtissaient des théories, ils entraînaient des foules: ils choisissaient les chemins de lumière. Quitte à considérer la vie comme un escalier, je préférais les gardiens de phare qui raclaient les marches à pas lents pour regagner leurs tourelles aux danseuses de revue qui les descendaient dans des explosions de plumes afin de moissonner les acclamations."

Sylvain TESSON Sur les chemins noirs

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19/02/2017

Les dimanches poétiques (194)

"A Moustiers, sous le commandement de la  chapelle d'Entre-Roches, rivée à sa falaise, je bus un double café noir et tombai sur le quotidien La Provence. Oh! la tristesse des titres! Et que je massacre les adorateurs du soleil en Irak, et que je détruise un temple grec, et que je foute du pétrole dans la mer profonde et bleue que barattent les baleines en sautant bizarrement. L'homme manquait de tenue. L'évolution avait accouché d'un être mal élevé et le monde était dans un désordre pas croyable."

Sylvain TESSON Sur les chemins noirs

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22/01/2017

Flâner dans une librairie

Cela faisait longtemps que je n'avais pas franchi le seuil d'une librairie. Et quel bonheur! Je ne peux pas expliquer pourquoi je me sens aussi bien au milieu des livres. Des titres qui résonnent dans mon esprit, des couvertures accrocheuses, des histoires sombres, gaies ou fantastiques qui me font de l'œil... Une librairie c'est une fenêtre ouverte sur le monde. Le monde réel mais aussi le monde imaginaire. Une fenêtre ouverte sur des milliers de vies possibles. Des milliers d'options pour s'éloigner un peu du quotidien, rencontrer des femmes et des hommes de papier, vivre de nouvelles aventures... Quand j'entre dans une librairie tous ces mots enfermés dans les ouvrages qui m'entourent me donnent une énergie incroyable.

Et je me rends compte que cela faisait trop longtemps que je n'avais pas mis les pieds dans une librairie. J'en suis ressortie non pas avec deux romans, mais avec deux essais. Je voulais lire depuis un moment Sur les chemins noirs de Sylvain Tesson, récit de sa reconstruction et sa volonté de remarcher après une terrible chute alors qu'il escaladait un mur. Le deuxième ouvrage est signé Michel Houellebecq, En présence de Schopenhauer. Un essai dans lequel il évoque sa rencontre avec les textes de Schopenhauer et dans lequel il analyse certains passages. Je n'ai jamais rien lu de Houellebecq (si, si, je vous assure) et je me disais qu'un essai était peut-être une bonne entrée en matière et faire connaissance avec cet auteur. J'en reparlerai très certainement sur ce blog très prochainement.

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17/06/2014

S'abandonner à vivre - S. TESSON

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Charmée par la lecture du récit de sa retraite au fin fond de la Sibérie, je m'étais juré de lire d'autres ouvrages de Sylvain Tesson. Alors quand j'ai entendu les bonnes critiques sur "S'abandonner à vivre", j'ai décidé de l'acheter.

L'auteur a rassemblé une vingtaine de nouvelles plus intéressantes les unes que les autres où il y est question d'amour, d'envies, d'insomnies, de destins brisés et de vies ordinaires mais où les êtres apprennent à se laisser aller, à ne pas regretter ce qu'ils ont fait. S'abandonner à vivre c'est accepter la vie comme elle vient. Les hommes et les femmes s'abandonnent à vivre. Ils se résignent face à l'absurdité du monde, adoptent une attitude à la fois désespérée et joyeuse face à ce qui advient.

Le monde est fou mais rien ne vaut le monde. C'est en substance ce qui transparaît dans ces nouvelles de Sylvain Tesson que j'ai eu beaucoup de plaisir à lire, en particulier "La bataille", "Les pitons", "Le sniper", "L'ermite", "La lettre", "Le téléphérique", et "Les fées". La plume de Tesson est douce et rugueuse, cynique et poétique, crue et policée. Une langue française comme je l'aime, utilisée dans toute sa complexité.

S'abandonner à vivre - Sylvain TESSON - Ed. Gallimard - 2013

25/05/2014

Les dimanches poétiques (132)

"Il retenait tout, elle s'efforçait d'oublier. Il savait relier, elle savait regarder. Il cherchait des références, elle ne croyait qu'à l'inédit. Il était myope. Elle haïssait les taupes, vivait dans la lumière et pouvait subitement s'arrêter dans la rue pour tourner son visage vers le soleil, accueillant, les yeux fermés, l'offrande de la lumière sur l'autel de sa peau."

Sylvain TESSON S'abandonner à vivre

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22/02/2014

Une lettre d'amour...

La perspective d'un après-midi en ville avec pour objectif d'aller dans une librairie pour utiliser un bon d'achat gagné lors d'une dictée, ça vous donne du courage pour toute la semaine. On arrondit les angles avec les collègues, on se rend utile, on fait son travail. On a dans un coin de la tête cette promenade entre des rayonnages pleins de livres qui approche, qui nous fait tenir, qui donne presque des ailes.

Cette promenade c'était cet après-midi. J'attendais ce moment avec impatience. Toute la semaine ça a tourné dans ma tête. Comme une récompense après plusieurs jours d'efforts et d'attention. Et pour couronner le tout le soleil fut de la partie. Un magnifique soleil de février, juste assez fort pour chauffer le visage, caresser les joues.

Je savais que je ressortirais de la librairie avec le dernier recueil de nouvelles de Sylvain Tesson S'abandonner à vivre. J'ai entendu beaucoup de bonnes critiques sur cet ouvrage ces dernières semaines. Et puis j'avoue que j'avais été charmée par son écriture lorsque j'avais lu son témoignage Dans les forêts de Sibérie. Mais entrer dans une librairie pour moi c'est comme entrer dans un magasin de jouets pour un enfant. Chaque étagère présente plusieurs tentations... Je voulais lire depuis un moment déjà La lettre à Helga de l'Islandais Bergsveinn Birgisson et mes yeux se sont portés sur le livre au détour d'un présentoir. Il s'agit d'une longue lettre d'amour qu'un éleveur de moutons, à l'automne de sa vie, envoie à celle qu'il aima d'un amour impossible. J'aime les auteurs islandais. Leur vision de la vie et du quotidien me plaît. Ils font réfléchir aussi.

J'ai bien failli acheter un troisième livre: La prophétie des papes de Glenn Cooper. Mais je me suis dit qu'il faut raison garder. Surtout qu'en ce moment je ne lis pas très vite. Enfin, ce n'est que partie remise. Je garde le titre dans un coin de ma tête.

Toute contente de mes achats je suis ensuite partie en balade dans la ville, admirant les façades illuminées par le soleil, puis j'ai fait une halte au rayon lingerie d'un grand magasin où j'ai repéré deux ensembles ravissants, et je suis entrée chez Hema malgré la cohue et j'ai craqué pour du pain d'épices et des gaufres hollandaises au miel...

Bref, ce fut un après-midi comme je les aime, qui va me permettre d'attaquer la prochaine semaine pleine d'énergie, ragaillardie, prête à affronter tous les vents.

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19/02/2012

Les dimanches poétiques (67)

"Une fuite, la vie dans les bois? La fuite est le nom que les gens ensablés dans les fondrières de l'habitude donnent à l'élan vital. Un jeu? assurément! Comment appeler autrement un séjour de réclusion volontaire sur un rivage forestier avec une caisse de livres et des raquettes à neige? Une quête? Trop grand mot. Une expérience? Au sens scientifique, oui. La cabane est un laboratoire. Une paillasse où précipiter ses désirs de liberté, de silence et de solitude. Un champ expérimental où s'inventer une vie ralentie."

Sylvain TESSON Dans les forêts de Sibérie

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